Work in progress 2010 : heimlich

Publié le par La Ziggurat

Du 05 au 15 juillet 2010
Eglise Saint-Julien, Arles

 

Une collaboration entre le Master Métiers et Arts de l’Exposition de Rennes et les étudiants de l’École Nationale Supérieure de la Photographie 


heimlich
Oscillant entre le familier et l’étranger, le caché et le dévoilé, les images sélectionnées pour cette édition 2010 de WIP narguent nos présupposés, provoquent un trouble. Adjectif allemand, heimlich a été la notion fédératrice pour l’exposition des travaux des étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure de Photographie d’Arles. Freud avait déjà précisé la dualité qui existe dans ce terme à travers l’étude de ce que l’on nomme en français l’ « inquiétante étrangeté » dans son livre éponyme en 1919.

heimlich ouvre sur une pluralité de sens qui le rapprochent paradoxalement de son opposé unheimlich. La racine « heim » se rapporte au foyer, et heimlich qualifierait donc le familier, le réconfort. Dans le langage courant cependant, heimlich est employé pour désigner ce qui est fait en cachette, de façon secrète, et qui est par extension suspect, inquiétant – unheimlich ! Ainsi, heimlich met en scène des œuvres qui parfois dérangent, alors que celles-ci présentent des situations qui nous sont parfaitement familières. D’autres nous incitent à remettre en question notre capacité d’interprétation, que ce soit par la technique employée, par une mise en scène visible, par des infimes décalages qui s’opèrent. La technique photographique, de sa chimie pure à son utilisation conceptuelle, « révèle » et maquille à la fois une certaine réalité.

 

heimlich (13)

L’exposition est conçue selon quatre grandes orientations, qui ne se veulent ni figées, ni exclusives, mais autorisent au contraire des allers-retours. Un intérêt se porte sur la composition des images, en tant qu’elle met en avant la dualité fiction et réalité, interprétation et fantasme… Les lieux et scènes étranges sont l’occasion, par l’interception d’éléments « perturbateurs », de renverser notre première approche d’une image en créant un certain malaise. L’inquiétude des sujets envers eux-mêmes et leur identité désormais hésitante, se manifeste à travers des œuvres où peau, poils et surfaces organiques se recouvrent et se dévoilent dans un jeu de parades et de séduction. Enfin, les enjeux de la suspension du temps, qui semblent avoir traversé l’histoire de la photographie, apparaissent dans l’idée d’un basculement, dans des photographies explicitant disparition, changement, immortalisation et exécution.

Les tensions et ambiguités de ces orientations sont rejouées par la mise en scène des images dans le cadre lourdement religieux et symbolique qu’est l’église Saint-Julien. Les œuvres des élèves de l’ENSP viennent  ponctuer l’espace comme autant d’indices et symptômes d’un décalage qui s’est opéré à la fois dans l’église qui accueille l’exposition et dans les photographies elles-mêmes.

 

Photographes :

 

Anaïs Boudot, Lucille Chombart de Lauwe, Julie Fischer, Lola Hakimian, Jessica Hervo, Erwan Morère, Dorothée Smith, Mezli Vega Osorno, Laura Moulié, Léa Habourdin, Tiphaine Buisson, Pierre Toussaint, Xavier Antoinet, Clément Bodet, Marie Brosillon-Schneider, Laurie D’All Ava, Andres Donadio, Julia Milward, Maria-Do-Mar Rego, Emilie Teulon, Jessie Maucor, Juliette Martin

 

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